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ZerosquareLe 14/08/2021 à 22:34
Lionel > j'ai travaillé pour une petite entreprise française qui avait des investisseurs similaires à ceux de NumWorks (je ne me souviens plus des noms, mais de mémoire, il y avait soit la BPI soit un autre organisme à la fonction similaire)*.

Je pense que tu surestimes grandement la technicité et la rationalité des discussions entre les investisseurs et les entreprises, et que tu sous-estimes le pouvoir décisionnel des investisseurs.

Derrière la façade des discours publics à la sauce "nous soutenons l'innovation", tu trouves des financiers qui gèrent un gros portefeuille d'entreprises, et qui raisonnent sur deux critères : leurs résultats financiers et la confiance qu'ils leurs accordent. Les aspects techniques sont secondaires, ils n'y comprennent pas grand-chose, et d'ailleurs ça ne les intéresse pas vraiment. Ils n'ont pas d'états d'âme non plus pour laisser tomber une entreprise qui n'atteint pas les résultats qu'ils attendent, vu que pour eux ça n'est qu'un investissement parmi plein d'autres.

Quand ils soutiennent l'open-source, ce n'est pas par conviction, c'est simplement parce que c'est à la mode. Je peux te dire qu'après un fiasco comme celui du Portugal, l'open-source passera de la case "atout commercial" à "risque majeur" dans leur esprit. Et leur réaction ne sera pas "cherchons le meilleur compromis technique entre les intérêts des utilisateurs et les contraintes du marché", mais plutôt "votre business-plan prévoyait X€ de chiffre d'affaires au Portugal. Comment allez-vous faire pour remonter la pente et nous fournir des garanties pour que ça ne se reproduise plus ?".

La direction de Numworks a probablement dû passer un sale quart d'heure, et devoir promettre beaucoup pour sauver les meubles. Il est toujours délicat de juger le comportement des entreprises en se basant sur les infos publiques, il se passe tellement de choses en coulisses...

Ça me paraît beaucoup plus probable comme explication qu'une stratégie délibérée de la part de Numworks.

* pour l'anecdote : après qu'on ait implémenté tout ce que les investisseurs demandaient pour préparer la commercialisation à l'étranger, la réponse de l'un d'entre eux a été "merci, mais on n'y croit plus, donc on arrête de vous soutenir". Voyant ça, les autres investisseurs se sont dépêchés de faire la même chose. Du coup, plus de trésorerie et dépôt de bilan de la boîte dans la foulée. Et du coup, je n'ai pas été payé pour le boulot correspondant...