Brunni (./95) :
Ca ne contre pas son argument, qui était que si Apple autorisaient les clones ils couleraient. Donc si les gens achètent les Mac c'est précisément parce qu'il n'y a pas de clone (valable du moins). Bref, argument pas super utile mais facile à avancer puisque c'est un fait.
Pas super utile... au contraire je trouve que c'est un fait marquant, par rapport "l'organisation artificielle de la rareté" ( plus ou moins le sujet de fond des droits sur le contenu numérique, vidéo/musique/logiciels...). D'où l'on peut voir aussi l'incohérence de certains. ( qui fustigent l'organisation de la rareté par rapport à la musique/films, tout en étant séduit par l'exclusivité-rareté artificielle de la marque à la pomme... )
L'organisation de la rareté - de l'exclusivité - marche parce que les gens en redemandent, et c'est ça la vraie contradiction de fond.... -- que certains font semblant de ne pas voir.
Nil (./69) :
Bon, en fait, cette phrase m'a pas mal fait réfléchir ... J'y vois un problème, quand même. Quand on crée un algo, dans ma conception, c'est comme quand on met en place une découverte scientifique ou mathématique. Peut-être que j'ai tord, mais je fais quand même une petite différence avec une oeuvre artistique qui peut être engagée et/ou que l'on peut avoir envie de détruire (ça fait partie des droits fondamentaux de l'auteur-créateur) et une découverte scientifique qui décrit une réalité. Comment faire pour pouvoir faire respecter ce droit de vie et de mort sur une oeuvre créée ? Inventer deux statuts légaux dans la vie d'une oeuvre (comme c'est déjà le cas, lorsque ça tombe dans le domaine public, mais en changeant les modalités de changement) ? Ou regarder si le droit de retrait est vraiment utilisé et décider de l'abroger ?
Humpf... en fait tu reprends l'opposition classique entre les arts & sciences humaines qui ont un rapport direct au "Moi" (toutte œuvre artistique, philosophique , et même sociologique, révèle quelque chose sur son auteur, est une extériorisation de ses tourments profonds, intimes... ) et les sciences "dures" qui seraient censé en être éloignés. (dit autrement: on ressent très personnellement une question philosophique ou une œuvre d'art qui nous touche -- ça pose des questions sur notre moi.. -, alors qu'un mathématicien ne ferait que de s'amuser avec des trucs formels: de l'intelligence qui ne touche pas à l'intime, qui est "pure abstraction"...).
On pourrait en discuter sans fin, ma thèse c'est qu'au plus profond, derrière l'inconscient, le rapport à la créativité est aussi intime en mathématique qu'en littérature: c'est juste que dans le premier domaine l'évidence saute aux yeux -- les gens en sont conscients, le schéma est simple et assez direct -- et que dans le second c'est beaucoup plus caché, inconscient, indirect. La philosophie est un peu au milieu, elle essaye de le cacher sans jamais y arriver. -- toute philosophie reste en premier lieu la confession de son auteur.
Donc fonder une quelconque différence légale là-dessus, je serais plutôt réticent.
Kevin Kofler (./96) :
Eh bien vu que tu as l'air au point, serais-tu capable de nous citer le passage très précis dans le droit français qui pénalise le fait de présenter un code imbitable ?
Ce serait une loi à créer, comme tout le reste des lois proposées dans ce topic.
Mais le problème n'est pas là, Kévin... soit un minimum réaliste: ce n'est pas en faisant une loi "tout homme sur terre doit être heureux" que l'on y parviendra. De même, dans notre cas, si tu gardes la source originel pour toi, personne ne peut prouver que la source imbitable diffusée n'est pas la source réelle. Et, dans tout système non-totalitaire -- quoi qu'on connaisse ton affection pour les logiques totalitaires -- c'est à l'accusation de faire la charge de la preuve.
Dit autrement: sauf à adopter une justice totalitaire, il y aura toujours moyens de détourner ce genre d'obligations en pratique. Ce sont des mesures qui en pratique seraient moins effectives qu'HADOPI.
Kevin Kofler (./96) :
Pourtant c'est la seule solution... La "propriété intellectuelle" est un concept aberrant.
C'est au contraire un concept fort naturel qui, comme la propriété en général, a vite émergé dans toutes les sociétés du monde, à partir d'un certain niveau de développement. De là à en déduire que c'était la meilleur solution pour des humains réels dans ce type de société, il n'y a qu'un pas. Cependant je suis d'accord qu'avec la numérisation et le net, on est en train de changer totalement de paradigmes, et qu'on va donc devoir trouver d'autres solutions à terme...
Mais place-toi dans le cas de base: t'es pauvre ou peu riche, t'aimerais bien avoir de l'argent ( pour par exemple pouvoir avoir une maitresse ou deux en plus). Tu inventes quelque chose - une machine, une équation, un divertissement... - qui permet de "produire" plus ou de fournir un service/bien pour lequels des gens sont prêts à mettre de l'argent -- tout simplement parce qu'ils trouvent l'échange intéressant pour eux.
Eh bien, le comportement rationel, c'est de tirer des sous de ton invention... tu peux par exemple la garder pour toi et ne vendre que le "service" ou "bien" qui en est le résultat. Mais pour certaines grandes inventions (genre: une roue), la société gagnerait à ce que ça soit généralisé et que ça survive au temps: d'où l'intérêt pour le bien commun qu'il puisse "diffuser" son invention tout en gagnant encore des sous grâce à celle là.
Le comportement économiquement rationel, si tu supprimes la propriété intellectuelle, c'est de revenir à la rareté
de facto parce que tu gardes ton invention pour toi.
Dans la vie réelle: au lieu d'avoir une entreprise d'informatique qui conçoit des logiciels puis les vend, chaque grosse boite aurait son propre service interne d'informaticiens qui développeraient les softs nécessaire pour et dans l'entreprise: pas de diffusion à l'extérieur, donc pas besoin de fournir les sources etc. (de mêmes, de petites professions pourraient faire un groupement d'intérêt économique afin d'appliquer le même genre de logique )
Au final, il n'y aurait pas plus ( ou peu plus) de code "libre" qu'aujourd'hui, et une économie tout autant capitaliste, mais qui marcherait juste un peu moins bien. ( ça permet des gains d'échelle d'externaliser... ). Encore une fois, pour me répéter, tu tombes dans la douce illusion qu'une simple loi peut changer radicalement la société. Or en réalité c'est la société qui, en évoluant, change la loi.
Bref, vote ce genre de loi, ça sera détourné par tous les moyens -- j'ai en déjà exposé deux, l'obfuscation et le développement interne -- et ne produira que de effets négatifs.
Kevin Kofler (./96) :
Bah, la paix, c'est évident.
Le comique du pacifiste... Aller une belle citation de Freund, lors d'un savoureux débat avec Hyppolite:
Je crois que vous êtes en train de commettre une autre erreur, car vous pensez que c'est vous qui désignez l'ennemi, comme tous les pacifistes. "Du moment que nous ne voulons pas d'ennemis, nous n'en aurons pas", raisonnez-vous. Or c'est l'ennemi qui vous désigne. Et s'il veut que vous soyez son ennemi, vous pouvez lui faire les plus belles protestations d'amitiés. Du moment qu'il veut que vous soyez son l'ennemi, vous l'êtes. Et il vous empêchera même de cultiver votre jardin.
[ndlr: commentaire de Aron à Hyppolite:]
«Votre position est dramatique et typique de nombreux professeurs. Vous préférez vous anéantir plutôt que de reconnaître que la politique réelle obéit à des règles qui ne correspondent pas à vos normes idéales.
Propos tenus en 1965 en France, quelques années après la seconde guerre mondiale, où la France pacifique a refusé de combattre... on a vu le résultat. Réfléchis-y...
edit: rajouts sur la citation de la fin.