En fait, Testuwan Atom n’est PAS la première série animée télévisée de l’histoire du Japon.
Tetsuwan Atom, première série, d’une certaine façon oui.
Certes, ce fut la première série à assurer de façon hebdomadaire 25 à 30 minutes de programme. Elle fut en quelque sorte la première série réalisée à un rythme ‘industriel’, un rythme titanesque qu’encore aujourd’hui les studios ont du mal à suivre.
Pour maintenir ce rythme à un coût moindre, le studio de Production d’Osamu Tezuka (Mushi Production, qui fit faillite plus tard, à cause du peu de talent de gérant de société de Tezuka) eut recours à de nombreux artifices techniques, pour la plupart nouveaux à l’époque : cellulos (furent-ils les premiers à l’utiliser ? les utilisèrent-ils dès le début ? C’est à vérifier), stock-shots (ou « récupération d’images »), backgrounds simplifiés à l’extrême, mouvements labiaux minimes (3 positions des lèvres, c’est encore le standard utilisé aujourd’hui dans les séries TV). Par ailleurs, ils utilisaient 4 à 5 images maximum par secondes, sauf pour les scènes auxquelles le réalisateur attachait une importance particulière. C’est donc le TIERS d’un standard habituel de « Full Animation » (12 images par seconde). L’utilisation du banc-titre (caméra fixée au dessus d’u élément mobile, permettant de faire des prises de vue image par image sur un seul dessin , et donc de réaliser de la « pseudo-animation », en se contentant de travellings, zooms et dézooms) est poussée à l’extrême.
Ajoutons à cela l’économie réalisée sur les scénarii, puisqu’il s’agissait la plupart du temps de reprises des manga de Tezuka.
D’un point de vue de l’équipe, les rôles de chaque membre changeaient d’une semaine à l’autre. Ce roulement incessant permettait d’assurer les délais chaque semaine, et c’est aussi sans doute ce qui a préservé les membres de la Mushi Pro d’une mort de fatigue prématurée.
Si vous avez la chance aujourd’hui de voir un de ces épisodes d’époque, vous constaterez des erreurs d’animation ou de réalisation qui seraient inadmissibles aujourd’hui. Cependant, remise dans son contexte, la diffusion de cet anime fut un exploit notable. Cela est dû notamment à la volonté et au travail acharné de Tezuka lui-même, qui signe la majeure partie des dessins de la série. Il sut aussi s’encadrer d’assistants motivés. Par contre, on lui reproche souvent d’être un peu à l’origine de la masse de travail qui existe encore de nos jours dans le milieu (combien d’animateurs se plaignent de devoir manger et dormir dans leurs studios, faute de temps)
D’un point de vue qualitatif, il s’agit d’une série techniquement vieillie, mais qui propose une rythme d’action soutenue très plaisant. Les épisodes de 30 minutes sont très chargés, et aucune concession n’est faite pour gagner du temps, il y a peu voire pas de longueurs. Il est donc tout à fait possible de passer outre l’aspect visuel et de prendre du bon temps avec les histoires à faire pâlir n’importe quel James Bond (mauvais exemple, remplacez James Bond par le nom d’un film d’action).
Atom fut la première série réalisée à un rythme industriel, donc, mais également la première à reprendre les mêmes personnages chaque semaine. Et surtout, la première à s’exporter. Elle fut rachetée par la NBC en 63, qui lui donna le nom d’Astroboy (Atom était déjà le nom d'un personnage), la doubla (par Fred Ladd), masqua son origine japonaise, et distribua les épisodes dans un ordre fortuit.
Mais en fait non.
Cependant, Atom, disais-je, n’est pas la première série de japanime, celle-ci étant Otogi Manga Calendar, connue également sous les titres de Instant History, ou encore Cartoon Calendar. Dès 1961, elle est diffusée chaque semaine, à raison de 3 minutes par épisode, durant 312 épisodes. Cette série était produite par le studio Otogi Pro, d’où son nom. Certaines sources font mention de deux séries différentes, pour une raison que j’ignore (pourtant, il s’agit bel et bien d’une seule série).
Je peux vous parler difficilement de cette série, n’en ayant jamais vu le moindre épisode, et compte tenu de la difficulté d’avoir une information claire. Disons juste que les épisodes avaient pour but d’expliquer des évènements importants de l’histoire, à base parfois de photos ou d’extraits de pellicule.
Cast de Otogi Manga Calendar : Réalisateurs, scénaristes, character designers et animateurs : Ryuichi Yokoyama (travaillait à l’époque au journal Mainichi Shinbun, source d’information pour la série), Shinichi Suzuki et Michihiro Matsuyama. Ce trio fut donc à lui seul à l’origine de la première série d’animation télévisée au Japon.