Zerosquare (./16201) :
Le droit au respect de la vie privée et la facilité de mener des enquêtes sont naturellement antagonistes. Je ne suis pas contre la surveillance ciblée des suspects dans le cadre d'une enquête, et il existe des moyens techniques de le faire.
Zerosquare (./16205) :À nouveau, ce n'est pas toujours possible, très loin de là, et de plus beaucoup d'éléments ne seront pas visibles. Si ton association de malfaiteurs ne communique que par messagerie, ta surveillance physique (que tu ne peux faire que de manière très ponctuelle) ne donnera jamais rien, et encore moins sur le passé. Si les criminels ont de nouveaux outils, la police doit aussi s'équiper. Un peu comme si on exigeait que les policiers restent au vélo alors que les criminels utilisent des voitures.
Il reste les techniques de police traditionnelles : surveillance physique, infiltration, etc.
La question de fond, c'est la confiance qu'on a que l'État n'utilisera pas ses pouvoirs à des fins malveillantes. Tu estimes que des verrous légaux suffisent, j'estime (au vu des nombreux précédents historiques) que c'est absolument insuffisant et qu'il faut aussi des verrous techniques. Oui, ça complique les enquêtes ; mais si on va par là, on pourrait aussi se demander pourquoi s'embêter à faire des procès, avec des avocats, plutôt que de permettre à la police de mettre directement les suspects en taule pour 20 piges.Là, je ne vois pas trop le rapport. Être capable de mener des enquêtes et avoir une justice efficace ne veut pas dire qu'il ne faut pas faire des procès équitables.
Ah bah ça, tu prêches un convaincu. Mais faut aller râler auprès de l'UE et de la CEDH pour ça ^^
D'autre part, si on prend le cas récent du terroriste de Mulhouse, c'est (encore une fois...) quelqu'un qui était déjà fiché S, qui avait déjà une OQTF, etc. Donc ce n'est pas du côté du renseignement que ça a foiré. Avant de vouloir toujours plus de surveillance, il faudrait commencer par gérer correctement les dangers dont on a déjà connaissance.
flanker (./16206) :Non, ce n'est pas la même chose.
Un peu comme si on exigeait que les policiers restent au vélo alors que les criminels utilisent des voitures.
flanker (./16206) :Je suis sûr que tu peux trouver plein d'inspecteurs de police qui te diront (de bonne foi) qu'ils sont certains que tel suspect est coupable, mais qu'il n'y a pas assez de preuves solides pour l'arrêter, ou qu'il s'en est sorti grâce à une pirouette de son avocat. Si tu faisais des procès-express où le suspect est présumé coupable (comme certains pays le font), la justice gagnerait en efficacité, aussi. Mais à quel prix ?
Là, je ne vois pas trop le rapport. Être capable de mener des enquêtes et avoir une justice efficace ne veut pas dire qu'il ne faut pas faire des procès équitables.
flanker (./16206) :Mouais. Quand ça l'arrange d'ignorer les remontrances de l'UE et de la CEDH (comme, au pif, sur l'état des prisons), l'État français sait très bien le faire aussi.
Ah bah ça, tu prêches un convaincu. Mais faut aller râler auprès de l'UE et de la CEDH pour ça ^^
flanker (./16208) :
Mais là, on ne parle pas du backdoor qui serait accessible par n'importe qui, depuis n'importe et n'importe quand. On parle de la possibilité de faire des réquisitions de manière ponctuelle auprès d'Apple, comme ce qui est déjà fait auprès de tous les opérateurs telco depuis des dizaines d'années par tous les pays du monde.
Donc non, il ne sera pas possible de connaître tous les déplacements, de toute la population, en temps réel et avec un historique qui remonte des années en arrière, et de manière invisible.
flanker (./16208) :Même en supposant qu'il y aura zéro demande abusive de la part de l'État (rire étouffé), ça ne fait que déplacer le problème : si une backdoor existe, alors la possibilité technique de faire ce que je disais précédemment existe aussi, et un autre gouvernement moins honnête peut faire pression pour récupérer les données (ou carrément obtenir les clés). Ou placer des taupes chez Apple pour le faire de façon plus discrète. Ou, sachant qu'une backdoor existe, chercher des vulnérabilités dans son implémentation. Ou Apple peut se faire hacker. Ou changer un jour de politique, et se dire que c'est quand même bête d'avoir potentiellement accès à autant d'infos et de ne pas les exploiter commercialement. Ou...
Mais là, on ne parle pas du backdoor qui serait accessible par n'importe qui, depuis n'importe et n'importe quand. On parle de la possibilité de faire des réquisitions de manière ponctuelle auprès d'Apple, comme ce qui est déjà fait auprès de tous les opérateurs telco depuis des dizaines d'années par tous les pays du monde.
Zeph (./16210) :Comme je l'ai écrit dans mon message précédent, ils en ont déjà, et ça n'a rien de choquant en soi. La question est de savoir où on place la limite du "non, ça c'est trop".
- La police doit-elle avoir à sa disposition des moyens supplémentaires pour ne pas subir une trop forte pénalité par rapport à ce que peuvent faire les criminels ?
Brunni (./16211) :Oui et non.
Alors oui, sauf que la solution là a été d'enlever la sécurité complètement, ce qui est pire que d'avoir une backdoor (qui certes pourrait être exploitée par une organisation maléfique suffisamment puissante pour obtenir une zero-day qui passe inaperçue et dure dans le temps), non ?
Zerosquare (./16212) :À nouveau, ce n'est pas une backdoor (même si c'est vachement plus sexy de parler de backdoor). Alors, oui, on peut imaginer des taupes chez Apple… mais dans ce cas, si c'était aussi simple, suffirait de placer directement la backdoor dans le code d'iOS.
Même en supposant qu'il y aura zéro demande abusive de la part de l'État (rire étouffé), ça ne fait que déplacer le problème : si une backdoor existe, alors la possibilité technique de faire ce que je disais précédemment existe
aussi, et un autre gouvernement moins honnête peut faire pression pour récupérer les données (ou carrément obtenir les clés). Ou placer des taupes chez Apple pour le faire de façon plus discrète. Ou, sachant qu'une backdoor existe, chercher des vulnérabilités dans son implémentation. Ou Apple peut se faire hacker. Ou changer un jour de politique, et se dire que c'est quand même bête d'avoir potentiellement accès à autant d'infos et de ne pas les exploiter commercialement. Ou...
Si les dernières décennies en matière de sécurité info nous ont appris un truc, c'est bien qu'un seul moyen est concrètement efficace pour éviter que des données confidentielles ne soient exploitées de façon malveillante : qu'elles ne soient pas collectées au départ (ou mieux encore, pas collectables).Mais là, tu pars du principe que la sécurité individuelle prime par rapport à la sécurité collective.
C'est là que je ne suis pas d'accord : certes, il y a plein de choses qui existent en théorie. En pratique, ce n'est pas le cas.Zeph (./16210) :Comme je l'ai écrit dans mon message précédent, ils en ont déjà, et ça n'a rien de choquant en soi. La question est de savoir où on place la limite du "non, ça c'est trop".
- La police doit-elle avoir à sa disposition des moyens supplémentaires pour ne pas subir une trop forte pénalité par rapport à ce que peuvent faire les criminels ?
Brunni (./16211) :Ce n'est pas évident de dire ça, je trouve. Une backdoor qui se balade dans la nature est un vrai risque vu qu'elle peut être utilisée par n'importe qui. Là, on passe forcément par un système de réquisition passant par le département juridique d'Apple, comme toutes les réquisitions auprès d'entreprises.
Alors oui, sauf que la solution là a été d'enlever la sécurité complètement, ce qui est pire que d'avoir une backdoor (qui certes pourrait être exploitée par une organisation maléfique suffisamment puissante pour obtenir une zero-day qui passe inaperçue et dure dans le temps), non ?
Zeph (./16210) :Mais tu ne peux pas mener d'enquête sans violer la vie privée, c'est le principe même des enquêtes (à part peut-être quelques faits qui sont commis en public, ok). Le tout est d'avoir de la proportionnalité entre les atteintes à la vie privée et les faits reprochés (d'où les structures de contrôle mises en place en France).
- Est-ce problématique si ces moyens supplémentaires impliquent de pouvoir passer à travers les mécanismes assurant la vie privée des citoyens ?
Autant le premier point porte à discussion, autant j'ai du mal à croire qu'on puisse être de bonne foi en répondant un "non" pérementoire au deuxième, même avec une confiance aveugle dans les instances qui nous dirigent(que nous sommes par ailleurs visiblement plusieurs à ne pas partager)
flanker (./21) :C'est un mécanisme délibéré, introduit dans un système de sécurité censé protéger des informations confidentielles, permettant à une personne non autorisée par le propriétaire des données à y avoir accès, et ce sans laisser de traces visible par ledit propriétaire. Si tu considères que ce n'est pas la définition d'une backdoor, ça y ressemble quand même sacrément beaucoup. Ou alors, tu considères que si on sait qu'elle existe, ou qu'elle n'est censée être utilisée que par des personnes bien intentionnées, alors ça compte pas ?
À nouveau, ce n'est pas une backdoor (même si c'est vachement plus sexy de parler de backdoor).
flanker (./21) :Tu n'as pas compris. Si Apple a la possibilité technique de déchiffrer les messages, qu'est-ce qui les empêche de décider un jour de l'utiliser sur les messages de tout le monde ? Ce n'est peut-être pas leur politique actuelle, mais une politique d'entreprise, ça se change.
Et le potentiel commercial d'un truc qui ne concerne qu'un pouillème des utilisateurs doit être très limité.
flanker (./21) :Non. Si je pensais réellement que les choses étaient aussi binaires, ça serait nettement plus simple à formuler : "interdiction aux policiers d'utiliser tout moyen d'enquête qui serait considéré illégal si c'est un citoyen qui l'utilisait", et basta. Mais ce n'est pas ce que j'ai écrit.
Mais là, tu pars du principe que la sécurité individuelle prime par rapport à la sécurité collective.
flanker (./21) :Dans un monde où certaines agences de renseignement font de l'interception systématique, déchiffrement et analyse de communications à une échelle planétaire, de l'individu lambda au chef d'État, avec quasiment zéro contre-pouvoir...
C'est là que je ne suis pas d'accord : certes, il y a plein de choses qui existent en théorie. En pratique, ce n'est pas le cas.
Zerosquare (./22) :Quiconque est prêt à renier certaines libertés au nom de la sécurité finira par perdre les deux(c)
En d'autres termes (parce que je pressens que la conversation va en arriver là) : oui, je préfère vivre dans une société où il y a quelques attentats qui auraient pu potentiellement être déjoués, mais où il y a des barrières concrètes (et pas juste légales) à une surveillance généralisée de la population, que ce soit par l'État ou par qui que ce soit d'autre. Et c'est un arbitrage qui ne me pose aucun problème de conscience.
Zerosquare (./22) :
(bon, de temps en temps on leur donne un bracelet électronique, à la place d'une Rolex)