kim (./54) :
Le nombre d'adhérent n'est pas proportionnel à la puissance du syndicat.
Tout à fait.
Par exemple, je pense que les syndicats anglais (32,9% de syndicaisation en 2004) sont beaucoup plus faibles que les syndicats allemands (28,9

. Néanmoins c'est un chiffre commode et rapide pour se faire une idée, comparer la puissance réelle des syndicats dans de nombreux pays différents est un travail qui prend beaucoup de temps.
Le chiffre des adhérents suffit déjà à montrer à quel point la France a des syndicats caricaturalement faibles.
Simplement, ce que je veux faire comprendre, c'est que les conditions de travail ne sont pas nécessairement directement liées à la puissance des syndicats.
Ben tu as commencé à dire que les pays moins syndiqués (Suisse, Irlande), les salaires étaient plus élevés... Finalement il s'avère que ces pays sont bien plus syndiqués que la France. Bref la France a des syndicats faibles et des salaires faibles, je crois que je n'ai rien de plus à prouver...
Et après, si ca nous permet de vivre mieux, pourquoi lutter contre ?
La suisse a un contrat unique, ils travaillent 40h, et ont 2 semaines de vacances de moins que nous (en gros). Mais en contrepartie, ils gagnent plus, le niveau de vie est globalement plus élevé qu'en france pour les professions à haute valeur ajoutée. Ils valorisent le travail.
Pareil en Irlande : valorisation de ce qui apporte de la valeur. C'est normal.
Bon en fait je suis un peu gêné quand il s'agit de comparer la France à de petits pays européens, qui reçoivent moultes aides européennes (irlande), qui ont gardé leur souveraineté monétaire (suisse), qui peuvent se spécialiser dans des domaines très précis (les banques suisses), et surtout, dont l'absence (relative) d'industrie les met à l'abri de la concurrence mondiale.
Je pense qu'il est plus juste de comparer entre eux les grands pays qui forment le coeur industriel de l'Europe, c'est à dire, peut être, l'Allemagne, la France, le Royaume Uni, l'Italie. Or, de mon point de vue, tous ces pays sont sérieusement en crise, pour des raisons différentes
L'Allemagne, qui est sensée s'en sortir le mieux d'après les économistes "dans le rang", est un pays où le chômage, massif, stagne (-0,6% cette année), où la consommation stagne (+0,7

, où les exportations explosent (+12

. Bref c'est un pays qui se torture lui même, qui a accepté la souffrance, les baisses salariales pour conquérir les parts de marché à l'international, et ce choix de la compétitivité ne profite absolument pas à la majorité de la population.
Quant à l'Italie, c'est un pays qui, en forçant le trait, n'est pas très loin de l'effondrement. L'Italie supporte extrêmement mal les contraintes monétaires et budgétaires européennes, et il n'est pas exclus qu'elle doive un jour sortir de l'Euro.
L'Angleterre a un taux de chômage réel bien plus élevé que le taux officiel, et la dynamique de l'inégalité dans ce pays est très inquiétante. De plus l'économie semble vivre dans une bulle de financiarisation semblable à celle des états unis.
Quant à la France, elle traverse une crise nationale de grande ampleur, la population a le sentiment d'une régression sans fin, et les milieux populaires et une partie des classes moyennes sont en révolte de plus en plus ouverte contre les classes dirigeantes.
Toute cette variété de situations de crise me pousse à penser que les différentes conditions sociales (temps de travail, syndicalisation... qui résultent des différentes mentalités nationales) ne sont pas du tout le fond du problème. Si les suisses travaillaient 35 heures ils se porteraient tout aussi bien, si les français travaillaient 40 heures ils se porteraient tout aussi mal. Les 35 heures, je trouve que c'est une mauvaise mesure, mais ce n'est pas ça qui a coulé la France. D'ailleurs comment prétendre que les français ne travaillent pas assez à cause des 35 heures, alors qu'il y a des millions de chômeurs qui ne demanderaient qu'à bosser?
C'est du à un passé social et historique je pense, qui tend à vouloir égaliser. Je ne dis pas que c'est mieux ou moins bien, je m'en fous. C'est juste différent.
Tout à fait d'accord.
Il y a en France une puissante conscience égalitaire, qui a traversé les siècles, et qui ne fait partie ni de la culture Allemande, ni des cultures anglaises, suisses, suédoises, irlandaises... En revanche on retrouve ce même esprit d'égalité en Espagne, en Italie, au Portugal...
Je pense que ces valeurs sont incrustrées profondément dans les sociétés, héritages d'un passé très ancien. Dès lors il est absurde d'essayer de les transgresser. Aller contre les aspirations profondes de la société, c'est la certitude de l'échec. Il est impossible d'adapter la France à une politique qui n'est pas la sienne, au contraire il faut adapter la politique à la France. Elle a besoin d'une action politique qui porte des idées de liberté et d'égalité.
edit : d'ailleurs, si tu regardes bien, tu me sers le contre argument pour gunnm : si en france on a un syndicat si pourri, pourquoi sommes-nous un des rares pays à travailler si peu et a avoir autant de privileges ? Pourquoi n'a-t-on pas un "salaire polonais" ?
D'abord je ne crois pas qu'on ait "autant de privilèges", ah ah. C'est quoi un privilège?
Ensuite je rappelle que la France est un pays de salaires faibles tout en ayant un taux de syndicalisation faible.
Enfin, à propos de Pologne, je rappelle que sous le communisme, le syndicalisme libre était précisément interdit (la classe ouvrière étant sensée être au pouvoir, une grève est une trahison). Mais
grâce à l'action syndicale (et d'autres facteurs bien sûr), le salaire polonais va augmenter
