La fabrique du consentement - Page 6

Zerosquare (./148) :
Tu veux dire que les relecteurs ne sont pas payés ?

Non. Dès que tu publies un article, tu reçois des demandes de relecture d'articles du même domaine. Et c'est rarement rémunéré...

C'est un truc qui se fait. Les chercheurs font des articles, ils payent pour les publier, ils relisent des articles, ils ne sont pas payés pour ça, et ils payent pour accéder aux articles pour travailler. Finalement, les chercheurs payent tout le temps et les éditeurs gagnent beaucoup. C'est pareil pour les conférences. Les chercheurs écrivent des articles et payent pour se rendre à la conférence. S'ils n'y vont pas, l'article est rejeté. Les organisateurs des conférences (des chercheurs bien souvent) sont souvent bénévoles, ils gagnent leur nom dans le comité d'organisation. L'argent récupéré des conférenciers est normalement utilisé pour organiser la conférence (réservation des salles...), mais les éditeurs font pression pour faire des économies, car ce qui reste à la fin, c'est pour eux.

C'est un gros problème de la recherche, car tout cet argent public dépensé va souvent dans les poches d'éditeurs étrangers...

Wow, je ne savais pas... Et les chercheurs se révoltent seulement maintenant alors que ce sont eux qui font tout le boulot gratis ?

Ce n'est pas vraiment le problème du chercheur puisqu'il est payé pour son travail. Ce n'est pas lui qui paye pour ses publications (sauf quand il utilise des résidus de contrats ou son budget publication, mais il est dimensionné pour ça). C'est plutôt le problème de l'État, qui finance la recherche et qui ne devrait pas autoriser ces pratiques.

Le problème est que les chercheurs sont sous pression de partout d'avoir des publications (parce que c'est à travers elles qu'on mesure leurs résultats), que seules les publications en des endroits qui ont une renommée comptent vraiment (parce qu'il y a des torchons qui publient tout et n'importe quoi) et qu'il se trouve que les endroits qui ont une renommée appartiennent tous aux éditeurs commerciaux qui pratiquent ce système abusif (et c'est là le vrai problème).

De plus, les chercheurs sont payés généralement par des universités (ce qui implique qu'ils n'ont pas besoin de gagner de l'argent avec les articles ou le travail de revue), universités qui couvrent souvent aussi les dépenses liées à la publication, ainsi que les dépenses pour la consultation d'autres articles (et du coup, ce ne sont que les chercheurs idéalistes qui se plaignent, les autres s'en foutent vu que ce n'est pas leur argent qui est dépensé, mais de l'argent public).

Le système est totalement pourri et injuste, mais l'inertie est grande.

RHJPP : Mais l'argent qui passe dans les conférences et le temps pour les relectures, c'est de l'argent et du temps en moins pour faire de la recherche. (cross)

C'est sûr, mais le chercheur est payé pendant ce temps. Ça fait partie du travail de recherche ^^
Pour l'argent dépensé en trop, ouais, c'est un problème.

Ah oui, mais les chercheurs ne cherchent que rarement, hein

Zerosquare (./155) :
RHJPP : Mais l'argent qui passe dans les conférences et le temps pour les relectures, c'est de l'argent et du temps en moins pour faire de la recherche. (cross)

À moitié, ça oblige à lire avec un œil critique et ça montre ce qui se fait ailleurs.
Et de toute façon, le jugement des pairs est important en sciences.

Le problème vient surtout des éditeurs qui se gavent dessus.

Nil (./157) :
Ah oui, mais les chercheurs ne cherchent que rarement, hein

Sisi, ils cherchent les erreurs dans les autres publications