Brunni Le 19/03/2020 à 11:30Edité par Brunni le 19/03/2020 à 16:42 Je suis juste sans voix quand je pense à cette société…
Certes, je suis un peu "spécial" dans la mesure où j'ai connu la pauvreté et une relative aisance financière. J'ai constaté qu'il existe une correlation directe entre combien tu gagnes et combien tu bosses, et elle est inverse. Je n'ai jamais autant bossé que quand je gagnais le salaire minimum, de loin. Pareil pour la difficulté. Je n'ai jamais eu autant de souci, on m'a jamais si peu respecté, etc. en plus de ça avec un faible salaire tu n'as aucune sécurité. Les riches quand ils perdent leur emploi ils chopent genre 6 mois de salaire, et c'est bien les derniers à qui ça arrive. Les riches sont majoritairement incompétents (on en voit des exemples tous les jours), et quand ils font des erreurs il se passe quoi ? Rien. Ou si VRAIMENT il y a une mauvaise PR on le virera avec un parachute doré (mais il retrouvera ailleurs sans problème). Le pauvre pour le moindre petit écart, c'est est à la porte sans demander son reste.
Si bien que ce qu'on nous vend comme une méritocratie est un mensonge effronté. Un pauvre tu lui dis "je peux te payer 1000€" et il accepte, car c'est ce qu'il croit normal comme salaire, et surtout parce qu'il n'a pas les moyens de refuser puisqu'il n'a pas pu mettre l'équivalent d'un mois de salaire de côté. Le pauvre est aussi bourré de stress et de soucis car à la merci de la moindre bouffée de vent. Il est occupé l'entier de son temps à des tâches ingrates, ce qui lui rend absolument impossible toute pensée "out of the box", et en fait un larbin éternel. Même si le pauvre imagine un instant que les choses sont injustes et qu'il faudrait changer, il n'a pas le pouvoir car toutes les ressources lui sont confisquées (à commencer par son temps et son énergie mentale, occupées par le travail et les préoccupations économiques, et la peur de perdre ce qu'il a déjà accumulé jusqu'ici).
Bref au final on a juste une bonne vieille lutte des classes. Les pauvres qui restent pauvres car aucune mobilité économique n'est imaginable quand tu gagnes 1000-2000€ par mois. Les riches sans aucun besoin de compétence (autre que faire partie de la haute société) sont et restent riches, car on les paie, leur donne le pouvoir. Sauf que ce n'est même pas une lutte en pratique. C'est une acceptation béate des classes qui me sidère ! Il n'y a même pas l'ombre de danger pour les riches en cette époque, celle où Amazon a un service d'esclavage nommé Mechanical Turk (je plaisante pas) où les gens sont payés le minimum possible pour faire des tâches comme transcrire de conférences. Des robots, des "turcs", c'est tout le respect qu'on a pour la basse couche de la société. Et je n'ai pas entendu qui que ce soit s'en offusquer (et ça me troue le cul).
J'avoue qu'au début les conséquences économiques du coronavirus m'ont réjoui. Ça apprendra aux gens le danger de vivre de mois en mois, arrivant tout juste à boucler au centime près en se serrant la ceinture, sans rien mettre de côté, et considérer ça normal, accepter de se soumettre. Mais quand je vois ce qui se passe on dirait que non… la majorité ne comprend pas…
Je ne vois pas comment ça peut valoir la peine de se battre pour une société qui se soumet dès qu'on claque des doigts, qu'on lui fait un peu peur. Les gens font un boulot incroyable, se niquent la santé pour des sommes ridicules et aucune dignité… pourquoi ? Moi c'était par ignorance, mais les autres ? Bref /Brunni perplexe (et profondément désenchanté).

On le fait sous un mélange de promesse, de menace et de conformisme.
Menace que ça serait pire si c'était autrement, promesse qu'un jour tu en profiteras (même si t'es pas né dans la caste qui a le droit d'en profiter).
Conformisme parce que comme tout le monde fait ça tu veux pas être excisé du groupe, à la marge... Aussi parce que t'as pas d'alternative pour espérer survivre (enfin de moins en moins).
En vérité les deux sont faux et le dernier vient de notre besoin de pas être seul dans l'univers.
Quant aux rênes économiques qui nous drivent, ça a été un projet conscient de nous niquer jusqu'au trognon en nous faisant croire que la liberté c'est quand tu as accumulé des milliards, j'en veux pour illustration les thèses développées par Bernard de Mandeville puis Friedrich von Hayek (et d'autres comme Friedman, Rothbard) et dont parle Dany-Robert Dufour.

"- Nigga you know what the fuck I want, nigga: I want your motherfuckin' Daytons, and your motherfuckin' stereo! And I'll take a double burger with cheese!
- WHUT?"
I LOVE TO HATE/I HATE YOUR LOVE -AND I CAN'T FEEL AFFECTION FOR PEOPLE LIKE YOU!
CAALGOOONNNNN [TELLMESOMETHINGIDONTKNOW SHOWMESOMETHINGICANTUSE PUSHTHEBUTTONS CONNECTTHEGODDAMNDOTS] (Si Dieu existe il doit me détester...)L’utilisation du slogan en question est bien antérieur à cette photo. Quand le MacBook Air est sortit le slogan était enterré depuis longtemps.
TD date d’une époque où l’avenir de la boîte était plus qu’incertain.

Proud to be CAKE©®™
GCC4TI importe qui a problème en Autriche, pour l'UE plus et une encore de correspours nucléaire, ce n'est pas ytre d'instérier. L'état très même contraire, toujours reconstruire un pouvoir une choyer d'aucrée de compris le plus mite de genre, ce n'est pas moins)
Stalin est l'élection de la langie.
C'est vrai, mais il leur a collé à la peau et a été utilisé pour les chambrer impitoyablement longtemps après.
C'est la seule raison pour laquelle je m'en sers et à vrai dire ç'aurait pas été Apple j'aurais posté la même chose, je les laissais hors de mon propos ici.

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CAALGOOONNNNN [TELLMESOMETHINGIDONTKNOW SHOWMESOMETHINGICANTUSE PUSHTHEBUTTONS CONNECTTHEGODDAMNDOTS] (Si Dieu existe il doit me détester...)Au final pour ceux à qui ça arriverait, la démarche à adopter est en fait très simple :
1) Tu lui dis que c'est illégal de te formuler des remarques personnelles (tu ne peux être viré que pour une faute professionnelle, en aucun cas ta façon de t'exprimer, quand bien même elle est clairement dérangeante, ne se qualifie)
2) Soit elle t'écoute et se calme, soit elle se venge (dans mon cas en enlevant le remote, en mettant des heures suppl, en ajoutant des tâches de merde, en te pourrissant auprès des collègues et de la boss, en menaçant de te reloger, etc.)
3) Tu lui dis que pourrir ton environnement de travail pour se venger est légalement la même chose que te virer et c'est illégal
4) Si elle persiste, tu lui dis qu'en justice elle ne gagnera jamais, et que la boîte peut être en mauvaise posture quand les actionnaires apprendront le litige (de toute façon ce genre de chose n'arrive que dans une petite boîte -- les grosses boîtes ne peuvent pas ignorer aussi ouvertement les lois car il y a trop en jeu -- et les petites boîtes sont hyper dépendantes de leurs actionnaires)
Si elle persiste à ignorer la loi (dans mon cas elle ne la connaît simplement pas du tout, juste les bouquins d'Amazon faits pour hacker la loi américaine) et pense que la terreur lui permettra de te faire craquer avant que tu l'attaques en justice, alors effectivement ça dépend de toi. Tu es face à un démon de niveau 99 là, il est tout à fait OK d'abandonner et de la laisser gagner : comme elle est habituée à voir toute transaction humaine comme un duel qu'elle doit gagner*, elle aura forcément à faire un jour à quelqu'un de plus dur à cuire, qui lui rendra la monnaie de sa pièce, surtout si elle monte en grade. Si c'est pas toi, très bien.
(* L'exemple dans mon cas c'est qu'elle a pensé que ma baisse de productivité à la suite du harcèlement était quelque chose que je faisais exprès pour l'emmerder -- en gros il y a forcément un profiteur qui cherche à gagner, etc.)

Oui mais ce sont clairement des démons comme je dis, ils le savent et « gament » la loi. Dans ce cas-là, le vrai problème c’est de bosser pour eux, en premier lieu. Une entreprise pour laquelle tu veux bosser ne doit pas être un démon (et Amazon risque en fait plus qu’une petite boîte : leur toxicité est très largement documentée, sincèrement on n’y peut rien si des gens vont quand même y bosser hein... Par contre les petites boites comme la mienne j’en savais rien).
Il est pas schizophrène, il est vertical, rancunier, à sens unique et limite totalitaire, enfin bref c'est le Dieu de l'Ancien Testament, celui qui bénit ceux qui le respectent sur 100 ans mais qui maudit sur 1000 générations.
Autrement dit c'est un discours de Roi des Rois au sens le plus absolu du terme.

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CAALGOOONNNNN [TELLMESOMETHINGIDONTKNOW SHOWMESOMETHINGICANTUSE PUSHTHEBUTTONS CONNECTTHEGODDAMNDOTS] (Si Dieu existe il doit me détester...)Merci ! J’ai regardé le premier et je suis d’accord avec pas mal de trucs qu’il dit (surtout à la fin, c’est exactement de que je ressens), par contre je ne vois pas du tout comment ses solutions peuvent marcher.
Sur le management ça vaut la peine d'écouter les entretiens avec Johann Chapoutot et ses bouquins sur le III° Reich.

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CAALGOOONNNNN [TELLMESOMETHINGIDONTKNOW SHOWMESOMETHINGICANTUSE PUSHTHEBUTTONS CONNECTTHEGODDAMNDOTS] (Si Dieu existe il doit me détester...)Ah. Au final j'ai dû passer outre cette histoire. J'ai une philosophie plus négative mais plus réaliste aussi, c'est qu'une grosse majorité des humains sont mauvais, mais font pas forcément exprès. On souffre tous à des degrés variés, et ça pousse à faire des mauvaises choses quand on se sent menacés. J'ai compris en quoi cette précédente cheffe se sentait menacée, et effectivement je ne voudrais pas du tout être à sa place. Ses employeurs ont juste catalysé une faille qui était en elle. Les gens sensibles et pouvant être domestiqués "façon Amazon" finissent par se retrouver là-bas, et ils y restent car pour eux ça paraît normal (i.e. il est normal de souffrir via la hiérarchie, ça a été le cas toute ma jeunesse ; mais une fois que je serai au-dessus ce sera à moi d'avoir ce pouvoir). Les autres se barrent en voyant la misère, car ils ont connu un environnement sain et peuvent comparer.
J'ai le même souci, comme ma boss a trouvé et réussi à profiter d'une de mes failles, je me suis senti moi en tort pendant un moment (et objectivement je l'étais certainement à un certain niveau), ce qui m'a poussé à rester et chercher à arranger (on cherche naturellement à reproduire les situations dans lesquelles on a échoué, dans l'espoir de faire mieux la prochaine fois). Une fois que tu es confus, un manipulateur peut alors en profiter pour questionner tout autre péculiarité que tu as, et la faire passer comme inacceptable, ce qui lui permet petit à petit de t'attaquer jusqu'au plus profond de ta personnalité, dans tout ce qui fait de toi un être unique. La seule solution devient d'être un être plat, sans défaut, ce qui est effectivement synonyme de mourir, et cette peur de mourir représente la souffrance quotidienne du manipulateur. Le manipulateur, lui, trouve une rédemption dans le fait de le faire subir à quelqu'un d'autre, pensant toujours qu'il est le seul à souffrir de la sorte. Ça le rassure. C'est un motif assez courant, et une raison pour laquelle les gens restent dans des relations abusives contre toute logique apparente.
Au final il est OK d'avoir des failles (ce n'est pas comme si on pouvait y faire quelque chose, on peut juste y travailler et au fil des années les combler) et d'éviter les gens qui seraient susceptibles d'en profiter. Suivant lesquelles ça peut prendre un moment de trouver les bons. Par exemple si tu es un "rejet social" il va te falloir trouver des gens qui sont totalement à l'aise avec le fait d'être rejeté, et ça représente un pourcentage infime de la population… toute personne souffrant elle-même du rejet et pas en paix avec, va inévitablement être gênée par tes péculiarités, car elle va les vivre à travers toi comme si ça lui arrivait à elle, et en plus ça va lui déranger que tu sembles faire moins d'efforts qu'elle (et quand on est dans cette situation on a toujours l'impression que les autres ont moins de souci que nous, car on est les seuls à savoir comment on se répète les mêmes peurs en boucle toute la journée). Je sais que dans cette situation on a souvent tendance à culpabiliser (genre "je vais pas avec la majorité des gens") mais en fait c'est très bien. Travaille sur tes failles et à mesure que tu avances, un peu plus du monde s'ouvrira à toi. Fais le contraire, ouvre-toi à tout, et tu te feras bouffer comme moi.
